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Pour vivre un grand moment de solitude, il y a nécessairement le besoin d’être plusieurs, comme un orchestre de 23 musiciens.

 

C’est un sentiment puissant de se sentir seul avec les autres, brutalement, presque par accident. C’est tout d’un coup comme une part de l’intime qui se trouve exposée, quelque chose qui n’aurait pas dû être à cet instant, pas là, pas à cet endroit.

C’est un trouble et quelque chose qui nous a échappé, qui passe hors de notre contrôle et qui vient rompre une certaine et relative quiétude, un trouble que l’on peut connaître lorsque l’on se retrouve seul sur une scène, que l’on peut ressentir lorsque l’on improvise.

 

Si l’on transpose ce sentiment à l’acte artistique, il revient à créer les conditions de vulnérabilité et de fragilité, pouvant permettre que les choses existent ailleurs que dans un déroulement formel préétabli. Parce que rien ne peut se passer comme prévu, si on laisse l’improvisation naitre d’un désir de ne pas agir mais de laisser faire, de ne pas jouer par automatisme mais de se risquer à prendre d’autres chemins, moins confortables.

 

Traduire musicalement ce trouble, rejoint à se poser les questions du concert, mais aussi de l’allant de soi dans la musique, de l’esthétique de ce qui va être donné à entendre.

 

Dans le projet « un grand moment de solitude », il advient à chaque musicien de l’orchestre, de quitter sa zone de confort pour pousser plus loin ses propres limites. Il y a quelque chose de physique qui est en jeu, et dans le jeu lui-même il y a une transformation qui peut se produire si on accepte le fait que ce n’est plus le mental qui conduit mais le corps.

Par ce dispositif, les musiciens se mettent en état de vivre une expérience du sensible, en prise directe avec le corps et dans la sensation physique du son.

 

Le Lobe est un orchestre de musique improvisée où la direction est assumée et pensée pour mettre en exergue ces accidents, les révéler ou les entrainer vers une instabilité créatrice, capable de faire naitre l’improbable et de laisser perdurer la fragilité souhaitée de cette musique.

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